En près de 40 ans le Carnaval de Venise s’est hissé en tête des carnavals mondiaux. Il rivalise avec celui de Rio pour la première marche du podium. Journaux, radios et télés du monde entier en annoncent l’ouverture. des centaines de milliers de touristes sont attendus chaque année pendant les douze jours de festivités qui précèdent le Mercredi des Cendres.

Mais quels sont les secrets de la célébrité du Carnaval de Venise ?

 

Un écrin : la ville de Venise

Quel plus bel écrin en effet que la Sérénissime, avec ses palais, ses musées, ses églises, ses  canaux, ses ponts et son labyrinthe de ruelles étroites….

Située dans une lagune de la Mer Adriatique comptant une centaine de petites îles, la cité de Venise a été érigée au VI ème siècle sur des fondations faites de pieux de chêne enfoncés dans le sol sablonneux.

Pont à Venise Karim TATAI StrasbourgLa ville n’est pas accessible à la circulation automobile. La découverte de la ville s’effectue à pied ou en bateau, gondole, bateau-taxi, bateau-bus (vaporreto)…. L’arrivée à Venise par le train vous plonge dès la sortie de la gare dans un autre temps au pied du Grand Canal.

Arlecchina portée par Christine L sous les arcades du Palais des Doges

 

 

Le cœur du Carnaval de Venise se situe dans le quartier San Marco. C’est le cœur historique de la ville. C’est là que se trouvent la place St Marco, le Palais des Doges, le Campanile, la Basilique San Marco vers lesquels affluent costumés et visiteurs.

Les costumés se disputent arcades, lampadaires, grilles, murs de marbre, colonnes, vues sur la lagune… Ils posent pour le plaisir des petits et des grands, et surtout des photographes  La ville et son architecture font partie intégrante du Carnaval… Pas de photo du Carnaval de Venise sans un petit bout reconnaissable de la ville.

 

Une légende millénaire : le Carnaval de Venise

Le Carnaval de Venise, tel que nous le connaissons actuellement, n’a été réintroduit officiellement qu’en 1980. Il s’appuie néanmoins sur une existence millénaire qui dans l’imaginaire occulte les années d’interruption.  Son interdiction par Napoléon Bonaparte a entraîné une longue période de stagnation.  Le port du masque a été alors prohibé par crainte de sa force subversive.

tabarro et bauta, un vêtement qui favorise l’anonymat
Tabarro et bauta, un vêtement qui favorise l’anonymat

Le Carnaval de Venise a été autorisé pour la toute première fois en 1094 par le Doge Vitale Falier. Il débute alors discrètement par un bal, de petites fêtes locales, et des pièces de théâtre jouées sur les places. Mais il incarne rapidement la transgression et l’inversion de l’ordre social (inversion de genre, inversion hiérarchique, inversion de classe d’âge).

La période d’autorisation du déguisement s’allonge ensuite du 26 décembre au Mardi-Gras. Peu à peu le  port du masque est  autorisé sur une période de six mois autour de Carnaval. Les Vénitiens prennent l’habitude de sortir systématiquement masqués.

bauta avec le bas en lèvre avancée qui transforme la voix
bauta avec le bas en lèvre avancée qui transforme la voix

Le masque le plus utilisé est alors la bauta qui par sa forme modifie le son de la voix, rendant par là-même la personne qui le porte difficile à identifier. Les masques se diversifient après la naissance de la Comedia del Arte au XVI ème siècle, empruntant les traits de ses  différents personnages.

Des hauts et des bas

Au fil des décennies, les transgressions se transforment en débordements graves, le masque facilitant toutes sortes de crimes. A partir de 1600, le gouvernement de la République de Venise limite sévèrement son port. Celui-ci tombe peu à peu en désuétude pour renaître avec éclat au XVIII ème siècle. Le carnaval est alors  à son apogée avec une période de 6 mois de festivités.

Les Grands accouraient de l’Europe entière, et Casanova nous a laissé dans ses mémoires des récits de ces festivités vénitiennes.

Le Carnaval de Venise a pris au cours de ce millénaire tellement de formes qu’il y en a toujours une qui résonne en nous. De l’inversion apportant une ombre d’égalité à l’anonymat procuré par le masque, en passant par l’autorisation de jeux et  frasques jusqu’au libertinage dévoyé du XVIII ème, chacun trouve peut-être dans la légende/histoire du Carnaval de Venise, la source de son propre imaginaire.

Une créativité débridée : le costumé

La programmation officielle du Carnaval de Venise est suffisamment touffue et éclectique pour satisfaire tous les publics et toutes les bourses… Dans cet éclectisme survit encore le brassage social que l’on retrouvait à l’origine dans l’anonymat du tabarro et de la bauta….

fou devant le palais des Doges Karim tATAI StrasbourgMalgré les fêtes fastueuses dans les palais, le Carnaval de Venise n’est pas uniquement un carnaval de privilégiés et de nantis. Certes, il n’est pas rare, lorsque l’on se promène dans les ruelles, de voir des affiches promotionnant tel ou tel spectacle, ou tel ou tel bal à des prix pouvant atteindre plusieurs centaines d’euros, mais il est tout à fait possible de vivre Son Carnaval sans autre bourse déliée que le gîte, le couvert et l’entrée de quelques musées pour peu que l’on ait de bons mollets pour courir la ville et se laisser émerveiller par la rencontre d’un costumé au détour d’une rue, ou sous un porche retiré…

Le Costumé :

Souvent, il a passé son année à peaufiner son costume. Une règle tacite largement respectée stipule qu’il doit en changer tous les ans. C’est un peu un jeu pour lui que de surprendre les autres costumés ou photographes….couple de costumé à san Gorgior)

Il vient majoritairement de France, d’Allemagne, de Belgique. MIl y a quand même des Italiens et quelques autres nationalités…. Il a choisi son thème, trouvé ses tissus et les matériaux nécessaires à la coiffe,  fabriqué son costume, ses accessoires. Il a imprimé ses cartes de visite avec son costume qu’il distribuera aux photographes ayant de bons appareils photo. Peut-être aura t’il le plaisir de recevoir une photo de lui dans sa boite mail.

Le costumé, cela peut-être vous, car ce carnaval est ouvert à tous. La beauté de votre costume sélectionnera l’intérêt porté par les visiteurs et les photographes….

Le Carnaval de Venise n’est pas un carnaval de défilé mais un carnaval de déambulation libre. Le costumé se prête, parfois très patiemment au jeu de la pose…

Un inconditionnel amoureux : le photographe

La beauté de Venise, la légende d’un carnaval millénaire et la créativité d’un costumé auraient-elles suffi à la propagation internationale de la renommée du Carnaval de Venise sans la passion contagieuse des photographes amoureux de la Sérénissime.… Car c’est à travers leurs clichés que le Carnaval de Venise a fait le tour de monde et a conquis son public.

quatre photographes Karim Tatai StrasbourgMieux qu’une communication coûteuse et improbable au niveau de la planète, l’arrivée d’internet, des mails, des téléphones portables-appareils photo permettent à des milliers de photos de faire le tour de monde presque instantanément.

A travers la photographie, le Carnaval de Venise existe bien au delà des dix jours de festivités…. Le photographe transcende des imaginaires en fusionnant la beauté des monuments, celle de la lumière toujours changeante et celle des costumes riches et chamarrés…

pierrot rose et noir Karim TATAI Strasbourg

 

Regardez des clichés du Carnaval de Venise.  Que voyez-vous ? La plupart du temps, un couple, un groupe ou un costumé seul devant un lever de soleil sur la lagune, ou un monument baignant dans la lumière du soleil couchant…
Moins nombreux sont les clichés de fête dans des palais et les scènes de foule costumée…

Alors faites-vous votre propre Carnaval de Venise et rêvez en regardant les photographies qui alimentent le mythe depuis les années 80.

 

 

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