Accessoires indispensables de l’élégance au masculin, les cravates, lavallières, ascots et nœuds papillon, s’ils ont une même origine, ne se portent pas avec les mêmes vêtements ni pour les mêmes occasions….
Alors, que porter, avec quoi et où ? Tout d’abord, un peu d’histoire.
Il est attesté du port d’ une pièce de tissu autour du cou de soldats romains sur la colonne Trajane à Rome. Il en est de même n Chine, autour du cou des 7500 soldats de terre cuite trouvés dans le tombeau de Shin Huang Ti (III siècle avant J.C.). Carré plié en triangle ou long rectangle noué, qu’il s’agisse d’une pièce de tissu servant à se protéger du froid ou signe de reconnaissance et de ralliement, peut-on déjà parler d’une cravate ou simplement d’une écharpe nouée ?
Naissance “officielle” de la cravate au XVII ème
Légende ou réalité, c’est durant la guerre de Trente ans (1618-1648) que l’ancêtre de notre cravate orne le cou d’un régiment de croates. Un glissement du mot croate au mot cravate désignera depuis ce morceau d’étoffe noué d’une façon particulière. Celui-ci gagnera finalement la guerre des dentelles. La cravate fera rendre les armes au rabat, ornement de cou jusque-là porté par les hommes.
La cravate est une bande de lingerie dont les extrémités peuvent être garnies de dentelle. Après avoir été tournée deux fois autour du cou, les deux pans peuvent rester flottants, noués en nœud simple ou en rosette. On imagine les élégants prendre soin de ce nouage. Mais pour les malhabiles, les pressés et les un peu fainéants, on invente déjà la cravate à nœud tout fait se fixant derrière la nuque par une boucle.
C’est encore à des militaires que l’on doit la mode de la cravate à la Steinkerque, du nom de cette bataille de 1692 où les officiers surpris n’eurent pas le temps de nouer leur cravate, passant un des bouts dans la sixième boutonnière de leur justaucorps.
La cravate au XVIII ème siècle
Les pans pendants de la cravate garnis de dentelle sont souvent confondus avec le jabot. Celui-ci est fait d’un volant de tissu ou de dentelle cousu le long de la fente d’encolure de la chemise. Sous la régence, au début du XVIII ème siècle, la cravate de linge est supprimée mais ce sont les deux longues extrémités du ruban de soie noire retenant le catogan des perruques des hommes qui peuvent être alors nouées sous le menton.
Sous Louis XV et Louis XVI, jabot et cravate se jouent l’un de l’autre. Ils se conjuguent au point qu’il est souvent difficile de les distinguer sur les portraits. Se sont des éléments de distinction pour lesquels on dépense des fortunes.
Est-ce par peur de la guillotine que les cravates sous la Révolution et le Directoire deviennent démesurées ? Elles enveloppent le cou et le menton en plusieurs tours avant de terminer dans le gilet ou de se nouer, en rosette ou en simple nœud.
La cravate au XIX ème siècle
Pendant la première moitié du XIX ème, elle est l’apanage des élégants. Les cravates continuent à emprisonner le cou très haut, ne laissant dépasser qu’un petit bout de col. Elles sont en satin de soie ou soie brochée velours, noires ou de couleur. Le comble de l’élégance, c’est de la porter blanche.
En France, on porte la cravate à la Garat, du nom de l’artiste lyrique Garat dont les tenues excentriques inspiraient la mode. Mais c’est Beau Brummell, dandy et arbitre des élégances en Angleterre qui lancera la cravate noire, quand, dit-on, ruiné, il n’aura plus l’argent pour payer la blanchisserie.
Sous le Second Empire, la cravate s’assagit, devient plus étroite, le plus souvent en satin de soie noire. Le jabot disparaît au profit du plastron, soit incrusté dans la chemise, soit amovible pour faciliter le blanchissage.
C’est à la fin du siècle qu’apparaît la cravate “régate”, plus fine, aux bouts carrés dont le nœud s’inspire des nœuds marins. C’est l’ancêtre direct de la cravate moderne.
La cravate au XXème
En 1924, le cravatier new-yorkais Langdord invente la coupe de la cravate en diagonale et en trois parties Cette coupe va traverser tout le XX ème siècle et parvenir jusqu’à nous.
Elle devient l’accessoire obligatoire porté par tous les hommes avec le veston (sauf les dissidents du nœud papillon ou de la chemise ouverte). De nombreuses façons de la nouer seront inventées. Seuls les tissus, la taille, les couleurs changeront au cours des décennies, ce qui les rendra rapidement passées de mode…. Jamais un accessoire de mode n’aura été aussi semblable et aussi vite démodé si l’on exclut les couleurs classiques et la taille médiane.
La cravate actuelle est presque centenaire. Sa largeur a varié de 4 cm à 16 cm. Elle a été unie, à pois, écossaise, à rayures, à motifs plus ou moins discrets, à dessins fantaisistes…. Elle a été de soie, de laine, de tricot, de coton, de polyester, de cuir, de skaï… Choyée ou détestée, symbole du masculin, de la respectabilité, du pouvoir…. Elle a aussi été le cadeau le plus offert de la fête des pères….
Et aussi au XXI ème
Dans un accessoire aussi courant, normé et répandu dans toutes les couches de la société, la distinction se fait par des différences subtiles : la qualité du tissu, de l’entoilage, de la couture, de la façon de faire le nœud que seuls les initiés reconnaissent.
La lavallière et l’ascot
On distingue la lavallière et l’ascot de la cravate par leur symétrie. Les deux pans sont identiques, contrairement à la cravate qui a un pan plus large que l’autre. Leurs coques peuvent être finies en biseau ou en V comme la cravate.
La différence entre l’ascot et la lavallière est si mince que souvent on les confond l’une et l’autre. On les distingue au niveau du tour de cou : dans le cas de la lavallière, c’est une bande fine environ 1 cm. Pour l’ascot, elle est plus large et présente trois plis. Mais allez, il faut bien le dire, la plus grande différence est culturelle, la lavallière est française, l’ascot anglaise. Et si en France, finalement on fait très peu la différence, allez aux courses d’Ascot avec une lavallière !!!! oh, my god !!!
La lavallière est, sous la Troisième République, le nom donné à une façon de nouer une cravate d’homme en soie souple en forme de rosette à bouts flottants. Elle est surtout portée par les artistes. Son nom est un hommage à mademoiselle de Lavallière, un temps maîtresse de Louis XIV qui portait des cravates souples et flottantes.
L’Ascot
L‘ascot, quant à lui, tient son nom de la célèbre course hippique anglaise du même nom qui porte allègrement ses deux cents ans , et à sa création Beau Brummel devait déjà s’y pavaner avec ses cravates impeccablement blanches.
L’ascot et la lavallière se portent uniquement avec une jaquette. Si la jaquette a été à son origine un vêtement de journée majoritairement noir, elle est actuellement un vêtement de cérémonie gris porté dans les mariages et dans les grandes courses hippiques. Le gilet aussi est gris, et si l’on ne peut pas se tromper, le choix du gris pour la lavallière ou l’ascot est le moins risqué.
Ascots et lavallières se trouvent dans le commerce soit à nouer , soit déjà nouées et à attacher à l’arrière du cou. Les hommes pressés, malhabiles et fainéants traversent les siècles.
Le nœud papillon
Difficile de dater aussi la naissance du nœud papillon et sa séparation d’avec la cravate dont il n’est plus qu’une des variantes de nouage.
Serait-il l’un des nœuds complexes imaginé par Beau Brummell (encore lui !). Aurait-il été inventé en même temps que le tuxedo (version américaine du smoking ? Serait-il dès la guerre de Trente Ans une branche dérivée de la cravate du fameux régiment croate…
Toujours est-il que c’est aussi dans les années 20 qu’il prendra la forme définitive qu’on lui connaît. Il suivra alors son chemin parallèlement à la cravate.
Il restera l’accessoire indispensable, noir, avec le smoking (black tie), blanc avec l’habit, le frac ou la queue de pie selon les termes employés (white tie). Plus complexe à nouer, il est majoritairement vendu tout prêt. Mais… ah le charme pour les dames du nœud papillon à dénouer…
Il est porté par les musiciens et certains artistes du show-biz. Les serveurs le portent aussi pour éviter que les cravates ne tombent dans les plats. C’est aussi l’accessoire du clown.
Certains hommes célèbres ont marqué leur prédilection pour le nœud papillon, tels Georges Clemenceau ou Wilson Churchill.
Un brin désuet, un brin fantaisiste, il distingue, par opposition à la cravate, et revient régulièrement à la mode pour de courtes périodes.
Alors, messieurs, pour votre prochaine sortie, cravate, lavallière, ascot ou nœud papillon ?
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